Le rêve du renard

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vendredi 17 juillet 2015

Mécomptes de fées - Terry Pratchett

mecomptes_fees.gifUne mission de tout repos pour trois sorcières de haut vol (Air Balai) : empêcher les épousailles d’une servante et d’un prince. Pas de quoi impressionner Mémé Ciredutemps, Nounou Ogg et Magrat Goussedail. Oui, mais :
1. Ça se passe à l’étranger (beurk !), dans la cité lointaine de Genua.
2. Que faire d’une baguette magique de seconde main qui ne sait que transformer les choses en citrouille ?
3. Comment s’opposer au pouvoir irrésistible des contes s’ils sont manipulés par la redoutable « bonne fée » Lilith ? N’est-ce pas le merveilleux destin d’une servante que d’épouser le prince ? Comme celui des mères-grands de se faire dévorer par le loup ?
Tel n’est pourtant pas l’avis de madame Gogol, la sorcière vaudou des marais de Genua.
« Enco an piti zassiette di gombo, ma chè ? » (Résumé de l'éditeur)

Après ma lecture de Trois soeurcières, je n'avais qu'une envie : retrouver le trio de sorcières le plus hétéroclite du Disque-Monde ! La plus jeune des trois, Magrat (un acte de naissance mal orthographié, et voilà ce qui arrive), reçoit en en héritage une baguette de fée marraine, avec l'instruction de ne surtout pas s'en servir avec l'assistance de ses deux aînées. Ce qui a bien sûr l'effet inverse ! Et les voici embarquées toutes les 3 dans un périple qui les fait traverser des pays étrangers (4, en comptant Gredin !). L'horreur ! De nouvelles langues, des mets et des boissons exotiques, et la réputation de Mémé Ciredutemps qui ne semble pas l'avoir précédée... Et au bout du chemin, la cité de si parfaite de Genua qui les attend...

Terry Pratchett revisite dans ce roman les contes de fées à sa sauce. Le petit Chaperon Rouge, le Magicien d'Oz, Cendrillon,.. et beaucoup d'autres. Il les fait, les défait, et Mémé Ciredutemps nous en explique les rouages. Et tout paraît bien plus logique quand on sait que la Grand méchant loup n'en est en fait pas tout à fait un ! C'est drôle, créatif et complètement barré. Et si en plus une sorcière vaudou à l'accent du bayou à couper au couteau s'en mêle, ça devient délirant. Disney en a pour son compte : les bonnes fées et les méchantes sorcières ne sont pas ce qu'elles paraissent.

Par rapport à ma lecture précédent de ce sous-cycle des sorcières, les références sont plus faciles à saisir. On découvre aussi une Mémé Ciredutemps plus complexe, permettant une vraie réflexion au-delà des dialogues toujours aussi humoristiques. Encore un régal de lecture... au suivant !

mardi 30 juin 2015

Téméraire, 8 : Les sang des tyrans - Naomi Novik

temeraire8.jpgLe billet de Vert m'a enfin décidée à lire ce 8ème tome des aventures du capitaine Laurence et de son dragon Téméraire ! Pas que ce soit laborieux, à chaque fois j'engloutis ma lecture d'une traite, mais il semble qu'on souffre d'une maladie étrange qui nous laisse passer une année entre chaque volume... Espérons que ce ne soit pas la durée de lecture du 9ème et dernier tome qui me prenne autant de temps, puisque je devrais la faire en anglais !

Alors que son périple au coeur de l'Empire inca était un nouvel échec dans la course aux alliés face à l'influence grandissante de Napoléon, la mission de Laurence et de son escorte diplomatique prend un nouveau revers... Au cours d'une tempête, Laurence fait naufrage sur les côtes japonaises. Alors qu'angoissé, Téméraire cherche à le retrouver, Laurence, lui, reprend conscience en territoire hostile, et complètement amnésique...

Naomi Novik poursuit son tour du monde, en nous entraînant en Asie avec le Japon, puis la Chine et la Russie. Si l'amnésie de Laurence est un moyen bien pratique de diluer un peu l'intrigue, elle a au moins le mérite de nous rappeler certains événements survenus depuis le 1er tome. Et accessoirement de rendre Laurence un peu plus humain, empêtré dans les conséquences de décisions qu'il ne se souvient plus avoir pris ! Mais du coup j'étais un peu déçue, alors que l'histoire était bien repartie dans une veine dynamique. Mais passé cet événement fâcheux, et la poursuite du voyage pour les intrigues à la cour de l'empereur de Chine, de nouveaux développements apparaissent.

On sent que l'auteure place ses pions pour le volume final, nous faisant découvrir toute une flopée de nouveaux dragons, pour notre plus grand plaisir : de gigantesques dragons d'eau japonais, de petits dragons yankees à la fibre capitaliste, de prétentieux dragons russes dormant sur des monceaux d'or... Les guerres napoléoniennes se portent sur le front russe, et Naomi Novik rejoue pour nous les stratégies de Napoléon, ce qui est vraiment passionnant. Pour un lecteur français, c'est d'ailleurs un peu étrange à lire, puisque si notre coeur bat pour les héros anglais, ici ce sont bien les français les ennemis.

Au final c'est un roman en demi-teinte, en deux parties distinctes. C'est bien la réécriture historique qui fait tout l’intérêt de la série, et pour l'instant les scènes d'action tombent un peu à plat. Vivement la suite donc, ou pas (adressons une prière aux éditeurs français...).

dimanche 31 mai 2015

Nouvelles du Disque-Monde - Terry Pratchett

nouvelles_disuqemonde.jpg "Les nouvelles me coûtent sang et eau. J'envie ceux qui les écrivent avec facilité, du moins ce qui ressemble à de la facilité. Je serais étonné d'en avoir écrit plus de quinze dans ma vie".
Lorsqu'on lit cette phrase de Sir Terry en avant-propos, on commence à prendre peur ! A la lecture des nouvelles qui suivent, force est de constater qu'effectivement, ce n'est pas un exercice dans lequel l'auteur est à l'aise, et cela se ressent. On a une impression d'inachevé, de trop peu. Les fans de Pratchett retrouveront avec plaisir au détour des différentes pages les mages de l'Université, Mémé Ciredutemps, Carotte ou Cohen le Barbare. Mais alors que des nouvelles peuvent être une porte d'entrée dans l'univers d'un auteur, je ne pense pas qu'un néophyte puisse ici prendre un véritable plaisir. Il peut même partir en courant. Un condensé de Disque-Monde est peut-être trop déstabilisant !

Malgré la petitesse de ce recueil, j'ai quand même apprécié le voyage. Une petite déception tout de même en découvrant que la nouvelle la plus longue du recueil (presque la moitié en fait), La mer et les petits poissons, a déjà été publiée dans l'anthologie Légendes de Robert Silverberg... Que j'ai déjà lue bien sûr. Mais retrouver Mémé est toujours un régal, et me donne envie de continuer les romans. Malgré quelques belles trouvailles, comme la Mort jouant au chat de Schrödinger, ces nouvelles sont peut-être à réserver aux fans déjà acquis à l'humour de l'écrivain.

Mémé Ciredutemps cueillait des herbes quand elles apparurent sur le sentier. On connaît les herbes communes pour les soins et la cuisine sous le nom de simples. On ne pouvait pas qualifier les herbes de Mémé de simples. Elles étaient compliquées ou rien. Et sans aucun rapport avec ces mignardises de joli panier et ciseaux délicats pour midinettes. Mémé se servait d'un couteau. Et d'une chaise brandie devant elle. Elle portait en outre un chapeau, des gants et un tablier de cuir comme deuxième ligne de défense.

jeudi 28 mai 2015

L'affaire Baskerville, 1 : Une étude en soie - Emma Jane Holloway

etude_soie.jpgEvelina Cooper, la nièce de Sherlock Holmes, s'apprête à vivre sa première saison dans la haute société londonienne. Mais quand de terribles meurtres secouent le manoir de son amie et hôte, la jeune femme se retrouve plongée au cœur d'un complot remettant en question le monopole des barons de la vapeur sur la ville. Une enquête à hauts risques. D'autant qu'Evelina cache un dangereux secret et qu'elle ignore auquel de ses compagnons elle peut réellement accorder sa confiance : le beau et brillant aristocrate débauché qui fait battre son cœur ou son meilleur ami forain, qui ferait n'importe quoi pour elle. (Résumé de l'éditeur)

Le résumé n'est pas vraiment flatteur, et accentue beaucoup le côté romance de ce roman (bien présent tout de même par la suite, je vous rassure...). Mais ce qui m'a intriguée dans ce livre, beau pavé de presque 600 pages, c'est son univers holmésien (une nouvelle raison de lire très vite les romans d'Arthur Conan Doyle). Nous faisons donc connaissance avec le personnage principal, Evelina Cooper, nièce du grand détective. Fruit de l'amour entre sa mère, issue de la bourgeoisie, et d'un soldat, la jeune fille a été élevée dans un premier temps par sa grand-mère paternelle dans un cirque. Jusqu'à ce que sa grand-mère Holmes ne s'inquiète de son éducation et la place dans une école pour jeunes ladies. Un peu rebelle et libre d'esprit, Evelina tente de s'intégrer au mieux au sein de l'aristocratie anglaise. Mais elle cache un talent inattendu pour la mécanique, et un autre plus interdit pour la magie, ce qui pourrait lui attirer des ennuis. Si on ajoute par dessus le marché un meurtre dans la maison où elle est logée et sur lequel elle décide d'enquêter, nous obtenons une héroïne plutôt originale.

J'ai cependant vite déchanté, car au-delà de son personnage qui est développé de façon plaisante par l'auteur, je ne m'y suis pas attachée. Elle semble intelligente, mais sa façon de ressentir des palpitations à chaque fois qu'elle croise son ami d'enfance ou le jeune aristocrate dont elle tombe amoureuse m'ont lassée. Les longues descriptions de l'auteure, parfois peu utiles, ont sûrement eu raison de mon enthousiasme également, malgré des idées vraiment intéressantes. L'intrigue, lente à démarrer, ne m'a tenue en haleine que grâce à son inspiration steampunk très bien amenée, mêlée à une forme de magie intéressante. L’Angleterre que nous découvrons dans le roman, est sous le joug des "Barons de la vapeur", sorte de cartels qui dirigent et réglementent l'accès à l’énergie. Le gaz et la vapeur sont les moteurs de la société anglaise, et ils sont tous deux fortement taxés. Et quiconque déplaît aux Barons, voit son accès à l’énergie coupé, et au delà, sa réputation et sa fortune ruinés. Ces Barons, soucieux de garder leur monopole qui s'étend jusque dans la sphère politique, interdisent de fait les créations mécaniques, ainsi que la magie, qui pourraient les supplanter et rendre la vapeur dépassée. C'est un aspect plutôt bien développé et qui prendra je suis sûre de l'importance pour la suite de la série...

Le choix d'un récit à plusieurs voix, bien qu'apportant du rythme et des nuances, nous a dévoilé rapidement tous les tenants et aboutissants de l'enquête, nous privant du plaisir de résoudre l'enquête en même temps qu'Evelina. On passe donc pas mal de temps à regarder l'héroïne se débattre avec ses hypothèses tout en connaissant les réponses... Ça manque un peu de mordant, même si les passages où Sherlock Holmes en personne intervient, sont chouettes.
Au final, c'est un premier tome de série plaisant, mais avec des longueurs qui font que l'histoire avance très lentement. Je ne sais pas si les très bonnes idées prometteuses me feront lire la suite, mais c'est un roman qui trouvera assurément son public...

mardi 19 mai 2015

Les aventures de Tom Bombadil - J.R.R. Tolkien

tom_bombadil.jpgJe poursuis ma découverte des textes de Tolkien ! Les aventures de Tom Bombadil est un recueil de poèmes, dont les noms évoquent la Terre du Milieu : Bombadil goes boating, The stone troll, Oliphaunt, The last ship,... Je m'attendais en particulier à découvrir davantage ce mystérieux personnage qu'est Tom Bombadil. Depuis ma lecture du Seigneur des anneaux, l'identité réelle, le passé et les pouvoirs du joyeux drille chanteur m'intriguent beaucoup. Sa maison à l'orée de la Forêt Noire, sa femme Baie d'Or,... j'aspirais à les retrouver, ainsi que les moments très forts où il apparaît dans la Communauté de l'anneau. Mais le titre est plutôt trompeur en fait. Quelques vers, presque une comptine, et de Tom bombadil, on n'en sait pas plus...

Passée cette petite déconvenue, je me suis plongée dans les vers en anglais, si musicaux que ma peur de ne pas réussir à comprendre tous les mots s'est envolée. Car la lecture en anglais n'est pas un acte familier pour moi. Et à plus forte raison avec un vocabulaire et une écriture poétique à laquelle je ne suis pas habituée. Mais je me suis retrouvée prise dans les images déployées par l'auteur. De la version française en regard de celle en version originale, je n'ai en fait lu que quelques mots, pour être sûre du sens de ce que je lisais. C'est d'ailleurs un reproche que l'on pourrait faire à la traduction française : elle colle parfois tellement aux vers en anglais, dans sa traduction littérale, sans aucun effort sur le phrasé poétique, que cela fait presque artificiel. Ne cherchez aucune poésie dans le texte français, elle en est totalement absente...

Ce livre est donc peut-être à réserver à des lecteurs anglophones, pour saisir tout le talent de conteur de Tolkien. Pour ma part, j'ai retrouvé dans ce court recueil, tour à tour des images enjouées de la Comté, des personnages pleins de fantaisie (Perry the Winkle, sérieusement?), des chants éthérés d'elfes au clair de lune, une campagne bruissante et reposante au gré du clapotis de la rivière... Et tant d'autres évocations qui rappellent l'univers si familier de l'auteur. C'est malin, j'ai comme une furieuse envie de relire le Seigneur des anneaux maintenant...

Extrait de The last ship :

''A sudden music to her came,
as she stood there gleaming
with fair hair in the morning's flame
on her shoulders streaming.
Flutes were there, and harps were wrung,
and there was sound of singing,
like wind-voices keen and young
and far bells ringing.

A ship with golden beak and oar
and timbers white came gliding;
swans went sailing on before,
her tall prow guiding.
Fair folk out of Elvenland
in silver-grey were rowing,
and three with crowns she saw there stand
with bright hair flowing.''

mercredi 6 mai 2015

La fille de l'assassin - Robin Hobb

fille_assassin.jpgComme pour le premier tome de ce volume découpé en deux, et donc présentement la seconde partie du roman original (vous avez tout suivi?), je m'abstiendrai de vous mettre le résumé de la quatrième de couverture. Si vous voulez découvrir l'intégralité de l'intrigue avant d'avoir lu une seule ligne de texte, c'est la meilleure chose à faire... En plus de découper honteusement les livres, Pygmalion nous gratifie de résumés qui sont en fait des synopsis. Je vais tacher d'écrire une critique sans spoiler, mais à ce stade de l'histoire, cela devient compliqué !

Dans ce second volume, nous suivons alternativement dans les chapitres les pensées de Fitz et d'Abeille. Force est de constater comme le volume précédent, que Robin Hobb n'a rien perdu de son talent pour ferrer son lecteur, et l'impliquer émotionnellement dans son récit. Dés les premières pages, nous ne pouvons nous empêcher de soupirer devant les cas de conscience et autres prises de décisions arbitraires de l'ancien assassin royal, qui se révèle en plus être un père désastreux. Et nous ne pouvons au contraire que nous attacher au caractère effacé mais volontaire de la petite Abeille, qui ne cesse d'étonner et de questionner par ses talents.

L'intrigue commence enfin à se développer, après la longue introduction qu'a représenté le premier volume. Robin Hobb ne nous livre tout de même pas toutes les ficelles ici. Ce n'est que dans le dernier quart du récit, après de longues descriptions du personnel de Flétry, des caractères difficiles des deux envoyés d'Umbre ou d'achats au marché, que les choses finissent finalement par prendre de l'ampleur. Le nom de la série prend enfin son sens, et nous redécouvrons le Fou, comme si nous ne l'avions jamais quitté...
La fin du roman nous laisse stupéfait, quoique pas vraiment surpris. Mais une chose est sûre, l'auteure aime jouer avec nos nerfs, et l'attente du tome suivant n'en sera que beaucoup plus longue...

lundi 27 avril 2015

Viktoria 91 - Pierre Pevel

viktoria91.jpgLondres, 1891. Un tueur rôde dans le quartier de Whitechapel. À la lueur blafarde d'un réverbère gît un bobby, le crâne défoncé... C'est un androïde que de braves londoniens s'apprêtent déjà à démonter ! Reporter impétueux, Norman Latimer se lance dans une enquête délicate : quel rôle joue la mystérieuse Lady Audrey Burton ? Pourquoi se confie-t-elle à lui ? Craindrait-elle de faire appel à Scotland Yard ? Latimer est perplexe. Il se trouve confronté à d'étranges phénomènes. Heureusement, son vieil ami, l'inspecteur Doty, et Kate Harbuck, la prostituée au grand cœur, vont lui venir en aide, chacun à sa façon. Dans ce monde singulier, où les fiacres conduits par des cochers-robots sont attelés à des chevaux mécaniques, la ténacité de Doty et de Latimer sera mise à rude épreuve ! (Résumé de l'éditeur)

Ce roman très court me permet de souffler entre deux pavés ! C'est également l'occasion de faire plus ample connaissance avec la plume de Pierre Pevel, puisque je n'ai pour l'instant à mon actif qu'un roman de la Trilogie de Wielstadt et le premier tome des Enchantements d'Ambremer. D'emblée, le décor planté par l'écrivain m'a conquise. Le lecteur se retrouve en plein Londres victorien, et en particulier dans le quartier de Whitechapel, amas de maisons pauvres et crasseuses, au milieu desquelles il ne fait pas bon se promener la nuit... La ville se remet à peine de l'affaire Jack l'éventreur, que déjà, de nouvelles morts suspectes font trembler les petites gens. L'enquête du journaliste Norman Latimer va nous balader dans un Londres sombre, où machines et éléments steampunk font partie du paysage : automates conducteurs de fiacres ou bobbies, chevaux mécaniques,...

SI l'intrigue, pleine de rebondissements et de retournements, d'hommes en noir et de lettres mystérieuses est accrocheuse, j'ai un peu regretté que le côté steampunk ne soit pas davantage développé, et ne soit qu'un élément de décor. C'est ce petit décalage qui fait que l'on ne se sent pas entièrement dans un roman policier. La toute fin, en plus de nous donner enfin l'éclaircissement du titre du roman, ajoute une autre note SF que je n'avais pas vu venir, très surprenante, même si un peu étonnante si l'on se pensait réellement dans un polar. Qu'on adhère ou pas, cette fin clôt tout de même très bien cette histoire qui fait passer un très bon moment de lecture, trépidant et bourré de clins d'oeil !

dimanche 12 avril 2015

La trilogie de l'héritage, 1 : Les Cent Mille Royaumes - N. K. Jemisin

Cent-Mille-Royaumes.jpgMon nom est Yeine et j'ai dix-neuf ans. Je suis membre du peuple darrène, au nord des Cent Mille royaumes. Une barbare. Il y a un mois, ma mère a été assassinée. Elle était l'héritière des Arameris, la plus puissante famille du monde. Ce matin, j'ai reçu un message de l'empereur, mon grand-père : une invitation à venir séjourner à Ciel, le palais familial. Plus qu'une invitation, un ordre. Je veux découvrir pourquoi ma mère est morte. Même si on ne revient jamais de Ciel. (Résumé de l'éditeur)

Rassurez-vous, on ne verra des Cent Milles Royaumes que le nom, sinon le roman aurait été bien plus long que ses 300 et quelques pages. Nous sommes ici davantage dans un huis-clos, se déroulant dans la ville de Ciel. Si le décor est ainsi assez restreint, ce n'est pas le cas de son intrigue... La plume de l'auteure est dense et foisonnante, Et si c'est une belle qualité que j'apprécie habituellement, j'ai cependant dés le début de ma lecture, eu l'impression d'être dans un flou total.

Il faut dire que l'auteure nous dévoile une histoire pour le moins complexe. Dans le monde de Yeine, héritière de la famille la plus puissante du monde, les complots politiques se mêlent d'enjeux religieux. Car les Dieux en question sont bien réels, bien qu'enchaînés à la volonté de la famille Aramerie. Yeine n'est au final qu'un pion dans des machinations qui la dépassent, et elle se rendra compte que les pouvoirs des Dieux, infinis, sont à double tranchant...

Notre jeune héroïne, pas si ingénue que cela, est plutôt agréable à suivre. Mais nous sommes tout aussi perdu qu'elle dans cette organisation politique compliquée et ses enjeux. L'histoire est tout de même bien menée, et même crédible grâce à ses questionnements philosophiques sur la nature des Dieux et la frontière entre le bien et le mal. Mais au final il s'avère que je n'ai pas été passionnée plus que ça par le destin des personnages, et j'ai donc plutôt survolé l'intrigue.

Malgré mon manque d'enthousiasme, ce roman a vraiment des qualités certaines et relève d'une fantasy comme on en croise peu aujourd'hui. Mais pour ma part, cette trilogie s'arrêtera là !

mardi 24 mars 2015

Trois Soeurcières - Terry Pratchett

3soeurcieres.png« Le vent hurlait. La foudre lardait le pays comme un assassin maladroit... La nuit était aussi noire que l’intimité d’un chat. Une de ces nuits, peut-être, où les dieux manipulent les hommes comme des pions sur l’échiquier du destin. Au cœur des éléments déchaînés luisait un feu, telle la folie dans l’œil d’une fouine. Il éclairait trois silhouettes voûtées. Tandis que bouillonnait le chaudron, une voix effrayante criailla : “Quand nous revoyons-nous, toutes les trois ?” Une autre voix plus naturelle, répondit : “Ben moi, j’peux mardi prochain.” »
Rois, nains, bandits, démons, héritiers du trône, bouffons, trolls, usurpateurs, fantômes, histrions et tables tournantes : rien ne vous est épargné. Shakespeare n’en aurait pas rêvé tant. Ou peut-être si ? Avec, en exclusivité, le ravitaillement en vol d’un balai de sorcière. (Résumé de l'éditeur)

Nous avons perdu Sir Terry Pratchett pour toujours, mais il nous reste son oeuvre, et je me suis donc consolée comme j'ai pu. Et ces Trois soeurcières ont été à la hauteur pour me rappeler le talent de cet auteur dans les scénaris délirants et les répliques qui tuent. Ici, l'art de la parodie de Sir Pratchett a frappé en s'attaquant au théâtre et Shakespeare en particulier. Je ne suis pas très calée en théâtre, et Shakespeare ne m'évoque que des titres et des répliques célèbres. J'ai donc, j'avoue, été complètement hermétique à la parodie du personnage de Macbeth devenu Kasqueth...Je vais donc me cacher sous une tortue et quatre éléphants...

Quelques clins d'oeil loupés en moins, il reste tout de même pas mal de choses pour bien rigoler et se régaler des trouvailles géniales à chaque phrase. Nos trois sorcières et leurs convents au clair de lune, derrière un menhir qui se cache, m'ont fait mourir de rire. Entre Mémé Ciredutemps la râleuse qui ne trouve décidément pas l'invention du théâtre comme quelque chose de logique, Nounou Ogg et son penchant pour la (ou les) bouteille, la jeune Magrat Goussedail, sorcière romantique et clinquante de bijoux cabalistiques, je ne sais pas laquelle je préfère. Les situations abracadabrantes s'enchaînent et ne se ressemblent pas, et on pourrait ne pas le croire, l'histoire tient tout de même parfaitement la route.

Ce volume est une vraie tranche de bonne humeur à lire. Des sorcières, des nains, des fantômes, des complots, La Mort, et même une apparition du bibliothécaire (oook !)... Lisez-le, et même si cela ne vous fera pas oublier qu'il n'y aura plus aucun volume inédit chez nos libraires, vous sourirez tout de même de pouvoir assommer tout votre entourage de répliques mortelles et immortelles.

mardi 17 mars 2015

L'océan au bout du chemin - Neil Gaiman

ocean_bout_chemin.jpgDe retour dans le village de sa jeunesse, un homme se remémore les évènements survenus l'année de ses sept ans. Un suicide dans une voiture volée. L'obscurité qui monte. Et Lettie, la jeune voisine, qui soutient que la mare au bout du chemin est un océan... (Résumé de l'éditeur)

En voyant cette couverture douce, je ne m'attendais pas à l'histoire d'un enfant de sept ans, entre réel, fantastique et horrifique. Avec le talent de conteur qu'il n'a plus à prouver, Neil Gaiman m'a emporté dans un roman différent de ceux que j'ai lus jusqu'à présent, tout en retrouvant des thématiques connues. L'identité, la peur, le courage, les chats...

Ce roman, à cheval entre deux mondes, parlera sans doute différemment à chacun d'entre nous. En cela, je le trouve très personnel et sensible. Je me suis revue enfant, les souvenirs sont remontés à la sruface de mon océan personnel. J'ai retrouvé les angoisses, les incompréhensions des adultes, les petits riens qui m'étaient de grandes choses, et les grandes choses qui ne me faisaient rien...

Et notre histoire personnelle se mêle à l'histoire, à celle de ce petit garçon et à ses souvenirs. Les frontières entre vérité et fiction se brouillent aussi. On ne sait plus où l'on est, où s'arrête le rêve, où commence la réalité... Et c'est ça qui est tout simplement merveilleux dans ce roman. Les aventures de ce petit garçon ne sont pourtant pas vraiment joyeuses, voire même très noires, traumatisantes. Mais une foule de détails apaisent l'ensemble, et font que le tout est nostalgique. Je garderai un souvenir impérissable de la ferme Hemstock, et des femmes-sorcières qui l'habitent.

Un très beau roman. Un conte pour les adultes, mais aussi un conte sur l'enfance.

L’enfance ne me manque pas, mais me manque cette façon que j’avais de prendre plaisir aux petites choses, alors même que de plus vastes s’effondraient. Je ne pouvais pas contrôler le monde où je vivais, garder mes distances avec les choses, les gens ou les moments qui faisaient mal, mais je puisais de la joie dans les choses qui me rendaient heureux.

Les souvenirs d’enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d’enfance oubliés au fond d’un placard encombré d’adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.

Enfant, je n'étais pas heureux, bien que, de temps en temps, j'ai été satisfait. Je vivais dans les livres plus que n'importe où ailleurs.

"Les adultes non plus, ils ressemblent pas à des adultes, à l'intérieur. Vus du dehors, ils sont grands, ils se fichent de tout et ils savent toujours ce qu'ils font. Au-dedans, ils ressemblent à ce qu'ils ont toujours été. A ce qu'ils étaient lorsqu'ils avaient ton âge. La vérité, c'est que les adultes n'existent pas. Y en a pas un seul, dans le monde entier."

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