Un monde de l'avenir bardé de nano-technologies, d'univers virtuels, de réseaux neuronaux et d'intelligences qui s'efforcent d'être le plus artificiel possible. Une petite fille qui reçoit une éducation singulière grâce à un Livre Mentor qui raconte des histoires. Et tout cela dans une Chine de l'avenir partagée entre les territoires des sectes, les enclaves des multinationales et les espaces électroniques.(Résumé de l'éditeur)
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Age de diamant est un livre complexe. Les 100 premières pages m'ont tellement déroutées, que j'ai un moment cru que j'allais abandonner ma lecture. Mais je me suis accrochée ! Car aussi compliqué qu'il paraisse, c'est un livre passionnant, mais qui demande du temps. Du temps pour le lire déjà (635 pages), et pour assimiler ce que l'auteur développe dans un fouillis touffu et désorganisé, dont on ne comprend la logique qu'après coup (ou pas du tout d'ailleurs).
La particularité principale de ce roman est sa richesse, tant au niveau de l'univers, des personnages, ou des réflexions. Une richesse qui cache au premier abord l'histoire, le fil conducteur de ce roman. Ce dernier n'est pas évident, et les nombreuses digressions de l'auteur, qui s'emballe parfois dans des discussions technologiques enthousiastes mais souvent obscures, n'arrangent pas les choses. Mais nous sommes bel et bien devant un roman d'apprentissage, avec une héroïne et de nombreux personnages secondaires.
Dans un monde où les nanotechnologies sont omniprésentes et offrent des possibilités illimitées, nous découvrons une Chine toute puissante, organisée en secteurs. Les restes d'une Chine ancestrale et confucéenne côtoie de nombreux phyles : des groupes sociaux, culturels, religieux ou ethniques. Un ingénieur du phyle de la Nouvelle-Atlantis, vivant selon le mode de vie anglais d'un XIXème siècle, la technologie de pointe en plus, vient de créer un livre numérique révolutionnaire, véritable concentré d'éducation. Mais ce livre, le « Manuel illustré d'éducation pour jeunes filles », destiné à la petite fille d'un Lord puissant, atterrit dans les bas-fonds, entre les mains de Nell. Un lien se crée instantanément avec la fillette et les pages s'animent pour commencer à raconter des contes de fées dont la petite devient la principale actrice... De sa tendre enfance à l'âge adulte, le Manuel va l’accompagner et lui offrir la meilleure éducation possible, plutôt non conformiste.
C'est alors le point de départ d'une narration "livre dans le livre" vraiment intéressante. Nous suivons la progression de l'éducation de Nell dans le Manuel, intégrant sa vie réelle et sa vie fictive. A la fois mentor, mère et ami, il construira son identité. Le Manuel est le fil conducteur de l'histoire, nous faisant découvrir de nombreux personnages et leurs vies. Car ce bijou technologique va être à l'origine d'un bouleversement mondial... L'histoire est d'une grande profondeur sur les dérives de la technologie, l'accès à l'information, l'éducation et les différences de classes sociales, pour ne citer qu'eux. L'auteur s'autorise aussi souvent des pointes d'humour grinçant, ce qui donne des passages assez jubilatoires, sur l'informatique ou les McDonald par exemple.
Je pourrais m'étaler longuement sur les différents aspects de ce vaste univers, ses qualités et ses quelques défauts. Mais ce roman gagnera davantage à être lu directement. Il m'a énormément fait réfléchir, et malgré ses critiques incisives de la société, il s'en dégage un optimisme qui fait du bien. C'est un petit bijou complexe, qui mérite amplement ses prix Hugo et Nebula, et qui a vraiment bien vieilli depuis 1995. Un petit regret pourtant sur la fin du roman qui survient un peu vite. Alors, oui, le roman était déjà bien assez long, mais je ne ne serais pas contre quelques centaines de pages de plus, afin de lire une suite, et connaître le destin des autres personnages délaissés au second plan.