Dune.jpgIl n'y a pas, dans tout l'Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout des sables à perte de vue. Une seule richesse : l'épice de longue vie, née du désert, et que tout l'univers achète à n'importe quel prix. Richesse très convoitée : quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi mystique. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et qui, à la tête des commandos de la mort, changera le cours de l'histoire. Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique ; elles veulent créer un homme qui concrétisera tous les dons latents de l'espèce. Tout est fécond dans ce programme, y compris ses défaillances. Le Messie des Fremen est-il déjà né dans l'Empire? (Résumé de l'éditeur)

Mon défi de l'été, m'attaquer enfin à cette immense saga qu'est Dune. Et s'en est bien un ! Roman de science-fiction le plus célèbre au monde, c'est un peu un Everest que je redoutais de commencer. Ce n'est pas une découverte totale non plus, puisque ayant vu il y a une quinzaine d'années la série télé, des images sont restées gravées dans ma mémoire ("J'ai bu l'eau de vie !" Kitsch, mais inoubliable).

Mes impressions après cette lecture dense et intense? Je me suis faite balader. Cela faisait longtemps que je n'avais pas du autant me concentrer pour lire ! (peut-être qu'il faut que je relève le niveau de mes lectures aussi, ça fait pas de mal de temps en temps...). Frank Herbert crée un univers riche et complexe. Rien n'est laissé de côté : des personnages très détaillés psychologiquement, une planète étrange et exotique, des intrigues politiques et économiques, un fanatisme religieux latent,... Que dire de plus qui n'ait pas déjà été dit sur la saga? L'imagination de l'auteur nous emmène là où aucun auteur n'a jamais été. La guerre dans laquelle sont pris les personnages est un rappel des enjeux qui se jouent aussi sur Terre. Notre pétrole est presque comparable à l'Epice d'Arrakis. Pour elle, ressource rare, l'Empereur et les Grandes Maisons de l'Empire conspirent, avec des plans tous plus diaboliques et sanglants les uns que les autres. Au-delà de cette ressource dont ils dépendant aussi, le peuple Fremen d'Arrakis peut-il avoir le contrôle de sa propre planète, et la transformer selon ses voeux? Et Paul Atréides, est-il le Messie tant attendu qui mènera ce peuple endurci vers leur destin?

Le livre est déjà dense, et pourtant, beaucoup d'éléments restent en suspens. Quelle est l'origine de l'ordre Bene Gesserit, avec sa maîtrise du corps implacable, sa prescience et son programme de sélection génétique? Comment les femmes de cet ordre en sont-elles arrivées à implanter toute une religion au coeur de la civilisation Fremen, préparant l'arrivée de Paul Muad'Dib? Comment la Guilde a-t'elle pu laisser l'Epice en dehors de son contrôle, avec ses navigateurs dépendants du Mélange pour les voyages spatiaux? Les presque 800 pages du roman ne suffisent pas, et nous laissent même, à travers des citations en début de chaque chapitre, deviner une ampleur incroyable derrière la légende. C'est ça aussi le talent de conteur de Frank Herbert, nous laisser entrevoir plus que ce qu'il raconte. Et je ne peux du coup que me sentir toute petite face à l'énorme travail derrière le roman.

On pourrait sentir du manichéisme partout. Et ce n'est pas du tout ce qu'il ressort à la lecture. Les méchants sont certes très méchants, mais les fils que tisse l'auteur vont au-delà. Réaliste, l'univers d'Arrakis nous emporte. Passée l'étrangeté des premiers chapitres, la magie opère. Bref, en un mot comme en mille, ça a déjà été dit, et du coup je le répète, ce roman est indispensable. Vais-je pour autant m'attaquer à la suite? Le Messie de Dune sûrement, mais pour les tomes suivants, peut-être qu'une pause s'imposera, histoire de me laisser digérer l'ampleur de cette histoire...