COUV_morwenna.inddMorwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, a eu un terrible accident de voiture qui l’a laissée handicapée et l’a privée à jamais de sa soeur jumelle. Comme elle soupçonne sa mère, passionnée de magie noire et à demi folle, d’être à l’origine de ce drame, elle s’enfuit. Son père, dont elle ignore tout, la recueille et la place dans un pensionnat chic. L’amour des livres mais aussi leur magie vont permettre à Mori de supporter le quotidien dans cette institution stricte. Mais elle ne sera vraiment libre que quand elle aura percé tous les secrets qui entourent son étrange famille. (Résumé de l'éditeur)

Après que toute la blogosphère ait lu, et aimé Morwenna, je craque enfin. J'avais peur d'être déçue par toute cette effervescence autour du roman. Fin du suspens : pas du tout.

Nous découvrons Morwenna grâce à son journal intime, dans lequel elle écrit presque tous les jours. On y découvre peu à peu son passé, mais ce sont surtout son quotidien dans sa nouvelle école huppée anglaise, et son parcours de lectrice qui occuperont les pages. Pas vraiment d'action donc au rendez-vous, mais cela ne m'a jamais gênée dans un roman. Au contraire, cela contribue à l'atmosphère étrange et particulière du récit. Je me suis identifiée très vite à Morwenna, qui bien qu'ayant des idées très arrêtées (ce que je ne pense pas avoir eu au même âge...), a une boulimie de lecture que j'ai déjà vécue adolescente. Singulière, solitaire, on s'attache également fortement à elle, sans pour autant verser dans le pathos à cause de la perte de sa jumelle et de son handicap.

Cette histoire pourrait donc être très banale. Mais Morwenna voit des fées. Et est persuadée que sa mère est une sorcière. Cela ajoute une dimension fantastique, comme une impression d'être entre deux mondes par laquelle le lecteur se laissera porter, faisant le choix ou non de la croire. Mais ce qui viendra surtout nous intéresser, en tant que lecteur (et accessoirement lecteur de SFF !), ce sont les lectures de Morwenna. Sur son temps libre, qu'elle a en abondance, la jeune fille dévore les romans de science-fiction. Son amour de la lecture est communicatif, et on découvre avec plaisir ses comptes-rendus de lecture, assez courts pour ne pas être lassants. Si j'ai parfois été perdue dans toutes les références qu'elle cite, c'est surtout de la frustration pour toutes ces oeuvres que je n'ai pas encore lues que j'ai ressenti !

Si le récit de la vie de Morwenna semble peu palpitant, la combinaison dans un journal intime, d'une situation familiale complexe et de préférences de lecture que le lecteur partage, crée un ensemble captivant. Jo Walton a su trouver le ton juste avec son héroïne, on se sent proche d'elle, partageant ses pensées et ses convictions. Par sa volonté de ne pas vouloir entrer dans un moule, elle est attachante et son amour des livres, touchant. Une très belle lecture, tout en sensibilité, poétique et douce-amère.

Le prêt entre bibliothèques est une des merveilles du monde et une gloire de la civilisation. (la bibliothécaire en moi n'a pas pu s'empêcher de sourire en lisant ça ! Si elle savait aujourd'hui....)