mortimer.jpgMorty traverse les champs en courant ; il mouline des bras et s’égosille comme un beau diable. Non. Même ça, même effrayer les oiseaux pillards, il n’est pas fichu de s’en tirer proprement. Son père, au désespoir, l’observe depuis le muret de pierres.
« Il manque pas de cœur, fait-il à l’oncle Hamesh.
— Ah, dame, c’est le reste qu’il a pas. »
Et pourtant un destin hors du commun attend Mortimer. Car à la foire à l’embauche, LA MORT l’emporte sur son cheval Bigadin. Il faut dire que LA MORT a décidé de faire la vie ; et l’assistance d’un commis dans son labeur quotidien lui permettrait des loisirs. Mais... Est-ce bien raisonnable ?
Avec, comme toujours, un scénario qui décoiffe, une distribution prestigieuse et, peut-être, peut-être, une exceptionnelle apparition de l’illustre Rincevent. (Résumé de l'éditeur)

Je m'étais promis de continuer ma lecture des Annales du Disque-Monde avec un roman sur la Mort, et c'est donc chose faite, avec tout plein de MAJUSCULES à la clé ! Enfin, il n'est pas centré que sur ce personnage osseux en robe noire et voix caverneuse, mais surtout sur Mortimer (ou plutôt Morty). Ce jeune homme dégingandé se retrouve il ne sait pas trop comment, apprenti de la Mort, et lui vole donc un peu la vedette dans l'histoire. Car il faut dire que la Mort s'ennuie, et s'intéresse aux affaires humaines d'un peu trop près pour sa santé mentale. Il (la Mort est de genre masculin, je vous le rappelle) confie donc les âmes sur le point de mourir à Morty, pendant que lui-même s'adonne à l'étude des sentiments et autres loisirs typiquement humains : faire la fête, boire tous les alcools possibles et imaginables, faire la cuisine, aller à la pêche, et copiner avec des chats... Sauf que remplacer la Mort dans son boulot, quand on est bien vivant, et avec la conscience professionnelle que ça implique, ça ne donne pas forcément de bons résultats !

On peut dire que ce volume des Annales est vraiment un bon condensé de Terry Pratchett. Tout y est : des personnages hauts en couleur et sympathiques, des discussions philosophiques sur la vie, la mort et la place de chacun dans l'univers, des histoires d'amour contrariées, un singe bibliothécaire et des robes de mages à paillettes. La Mort est un personnage complexe, que l'auteur révèle avec beaucoup d'humour. Pas si impitoyable et sans coeur qu'on pourrait le croire... Il a même une fille ! Je me suis vraiment amusée pendant ses expérimentations humaines (ah, c'est donc ça s'amuser?), et avec les efforts désespérés de Morty pour réparer ses bêtises avec une réalité contrariée.

Un récit loufoque donc, ponctué de calembours tous plus inventifs les uns que les autres, mais non dénué de réflexions très sérieuses.

Les savants ont calculé que les chances d'exister d'un phénomène aussi manifestement absurde sont de une sur un million. Mais les magiciens, eux, ont calculé que les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.