La Gaule, Ve siècle après Jésus-Christ.
Cerné par les barbares, miné par les intrigues internes et les jeux du pouvoir, l’Empire romain, devenu chrétien depuis peu, décline lentement. Les vieilles croyances sont mises au rebut, les anciens dieux se terrent au fond des bois, des montagnes et des grottes, les devins sont pourchassés par la nouvelle Église.
Thya, fille de l’illustre général romain Gnaeus Sertor, a toujours su qu’elle était une Oracle. Il lui faut vivre loin de Rome, presque cachée, en Aquitania, perdue au milieu des forêts. Que faire alors, quand son père, son protecteur, tombe sous les coups d’assassins à la solde de son propre fils ? Il faut fuir, courir derrière la seule chance qu’elle a de le sauver… Se fier à ses visions et aller vers Brog, dans les montagnes du nord, là où, autrefois, Gnaeus a vaincu les Vandales. Et peut-être, le long de ce chemin pavé d’embûches et d’incroyables rencontres, voir le passé refaire surface, et réécrire l’Histoire… (Résumé de l'éditeur)
D'Estelle Faye, je ne connais que le poétique Porcelaine, qui m'avait laissée un brin déstabilisée. Je fais donc plus ample connaissance avec sa plume, avec ce premier tome de trilogie orienté vers un public plus jeune. L'auteure choisit de nous entraîner dans la Gaule du Vème siècle après Jésus-Christ, sous la domination d'un Empire romain déclinant. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la période historique est plutôt dépaysante, et semble aride au premier abord. Mélangeant habilement réalité historique et touches de fantastique, l'auteure nous embarque dans une histoire à l'ambiance vraiment particulière. La décadence de la splendeur de Rome, l'antagonisme entre les anciennes religions païennes et le christianisme, qui se retrouve dans la quête de la jeune fille,... forment un décor crédible et dense. Il est doublé de sentiments forts, comme la fuite, la peur, le manque de confiance, l'incertitude... qui créent un voile lourd et oppressant qui domine à la lecture.
J'avoue que ce sont ces derniers points qui ont davantage contribué à mon plaisir de lecture. Croiser un dieu à double visage, des ondines et un faune y ont aussi été pour quelque chose. Mais en ce qui concerne les autres personnages, j'avoue ne pas avoir ressenti beaucoup d'empathie. Ils sont pourtant très travaillés ; le changement dans le caractère de Thya est même réussi. Je lui ai tout de même préféré le personnage moins conventionnel d'Enoch, jeune maquilleur à l'enfance difficile. Cela reste un roman initiatique plutôt classique en surface, ce qui m'a parfois lassée au cours de ma lecture. Le roman tient quand même la route au niveau de l'intrigue malgré quelques facilités.
Au final c'est un roman qui paraît plus complexe qu'il n'y parait au premier abord, à l'ambiance très soignée. Plein d'antagonisme, il oppose plusieurs mondes et se révèle très intéressant. L'aventure, les complots, plairont sûrement à des lecteurs jeunes, moins difficiles que moi ! Et encore une fois, je ne peux que souligner le superbe travail sur la couverture, réalisée par Aurélien Police, qui est de toute beauté !