nox2.jpgUn héros condamné aux travaux forcés dans la forêt pourrissante, dont nul n'a jamais pu s'échapper. Une jeune fille enceinte qui attend le retour du garçon qu'elle aime et se voit proposer un effroyable marché. Deux amis devenus ennemis, à qui il a manqué le temps de s'expliquer. Une adolescente de la ville haute qui devient agent double contre son gré. Des personnages qui se croisent sans toujours se reconnaître et, tout au bout du chemin, l'espoir d'une vie meilleure... (Résumé de l'éditeur)

Arrivé à ce deuxième et dernier tome, il est difficile de parler de l'intrigue sans trop en dévoiler. On continue à suivre les aventures des trois principaux personnages du tome précédent : Lucen, Gerges et Ludmilla, ainsi qu'une quatrième voix, celle de Firmie, la fiancée de Lucen. Les destins de nos héros continuent de s'entrecroiser étroitement. Entre trahison, entraide et actes manqués... on tremble, on souffre. Yves Grevet fait habilement monter la tension, soignant particulièrement son univers dur et cruel. Le récit est parfois si difficile, que je devais faire une pause dans ma lecture. Car en plus des actes qui défilent sous nos yeux : glaçants, inhumains,... c'est le ton utilisé par les personnages. Car un des talents de l'auteur, c'est une concision dans les phrases, un choix de mots simples, concis, percutants. Une réalité dite sans fioriture.

Nous nous plaçons dans la queue. Nous sommes une quarantaine. Personne ne discute. Certains réajustent les protections de leurs camarades. La porte s'ouvre et les premiers disparaissent dans l'immense cylindre de béton. Au moment de franchir le seuil, on doit montrer son tatouage aux gardes. Le soldat arrache mon pansement sans ménagement. (...) Après quelques mètres, nous débouchons sur une espace circulaire d'un diamètre de cinquante mètres environ pour une hauteur de vingt. Il est encombré par de grands tas de matières végétales en décomposition . Chacun armé d'une fourche, nous entamons ces monticules pour remplir notre brouette. Nous la conduisons ensuite vers le centre du silo et la vidons dans un trou de plusieurs mètres de large. Les gars ne vont pas vite. Ils savent qu'ils devront tenir dix heures sans rien boire ni manger. Ici, les dangers sont nombreux : glisser dans la fosse s'avérerait fatal, se blesser avec un outil dans ce milieu où pullulent les microbes et les virus déclencherait une infection.

Les ingrédients de cette dystopie sont classiques, mais fonctionnent avec beaucoup d'efficacité. Il est difficile de ne pas se sentir proche des thèmes abordés : cloisonnement des populations, pollution, violence,... On s'attache aux protagonistes, qui s'ils ne sont pas les héros et les héroïnes que l'on a l'habitude de croiser dans les dystopies, renversant l'ordre établi et les tyrannies, s'illustrent pas leur courage et leur persévérance. Les événements peuvent les dépasser, les situations devenir inextricables, ils restent très humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, dans un réalisme que recherche toujours Yves Grevet.

L'épilogue offre une belle conclusion a ce diptyque. C'est certes résolument optimiste, mais après toutes les épreuves que l'on a traversé, il ne faut pas perdre de vue l'espoir. Les questions trouvent presque toutes leurs réponses, mais l'auteur laisse encore une part d'ombre à explorer et un dénouement sur l'avenir de la Nox à imaginer... Comme pour Méto, je suis bluffée et ne ressort pas indemne de ma lecture.