Scripto_regard....inddÊtre un véritable chevalier, aujourd'hui, est-ce encore possible ?
À travers sept épreuves initiatiques, des jeunes se lancent dans l'aventure : une expédition nocturne dans la forêt de Brocéliande, l'escalade de la façade de Notre-Dame en cordée, l'intensité d'un combat à mains nues, la découverte d'une danse oubliée avec une cavalière sensuelle...
Autant de façons de vibrer, de prendre position dans la société, de dire NON. (Résumé de l'éditeur)

Je viens de terminer ce livre, et une chose est sûre, je vais encore avoir besoin de méditer dessus pour m'en imprégner totalement. Je ne m'attendais pas à ce texte percutant, à ces phrases mi-poétiques, mi-philosophiques, mi-sociologiques. Erik L'Homme m'a surprise, mais il ne m'a pas déçue. Et il va m'être très difficile de mettre des mots sur les sensations, les mots qui ont fait sens en moi au cours de cette lecture. On ne ressort pas indemne de cette expérience, car c'en est une ! J'ai été mise au pied du mur de mes idéaux, de mes espérances,... C'est troublant, et très personnel.

A travers des situations et des adolescents d'aujourd'hui, entrecoupées d'extraits d'un texte du Moyen-Age, Erik L'Homme nous parle de chevalerie, et de valeurs intemporelles. Honnêteté, respect, courage,... Autant de qualités remises en cause, ou qui se perdent dans la masse dans la société d'aujourd'hui. On ne comprend pas d'un premier abord le lien, entre les extraits d'un roman de chevalerie et ces tranches de vie d'adolescents, qui semblent complètement folles. Ces adolescents vont vivre des épreuves, dans le but de leur ouvrir les yeux, sur eux-même, et sur les autres. Ces adolescents ont tous un point en commun, ils sont en quête de repères, d'un guide, qui leur révèle le moteur qui les poussera vers l'avenir.

Dans ces nouvelles, je pense qu'Erik L'Homme a essayé de mettre des mots sur un malaise. Un malaise, ou une envie de rébellion contre l'ordre établi et le cours des choses. Mettre en regard ces différentes visions avec ce texte ancien, Les sept Bacheliers ou l'épreuve périlleuse, peut paraître curieux. Mais en fait, le parallèle, quête des futurs chevaliers et passage de l'adolescence à l'âge adulte, est intéressant. C'est fou de voir comme des textes si anciens sont encore tellement actuels, toujours autant percutants de justesse et d'humanité aujourd'hui.

Je vais arrêter là d'essayer de décortiquer ce texte, tant les mots d'Erik L'Homme parlent pour eux. Le parti pris masculin des héros m'a un poil troublée, mais c'est un détail. Je partage quand même quelques extraits pour finir, passage obligé après tant de phrases énigmatiques ! Sans le cadre qui rend le tout cohérent, ce n'est pas forcément pertinent, mais cela vous donnera peut-être envie de lire ces 144 pages qui font réfléchir...

Mais les musées sont les cimetières du passé ! Ils nous invitent à faire le deuil de notre histoire et nous recrachent ensuite sur les trottoirs crasseux de notre siècle.

Un jour, Arthur demanda à Merlin quelle était la plus grande vertu dans la chevalerie. Était-ce le courage, la compassion, la loyauté, l'humilité? Merlin répondit que ces vertus se mêlaient comme les métaux dont le mélange fait une bonne épée. Mais Arthur ne voulait pas de poésie, il était avide d'une réponse claire. Alors Merlin lui chuchota: «Je vais te dire quelle est la plus grande vertu. C'est la vérité, oui, il faut la vérité avant toute chose. Quand un homme ment, c'est une part de notre monde qu'il assassine».

Le livre est un extraordinaire moyen, le dernier peut-être, de faire de chacun de nous des personnes uniques. Je dis uniques, hein, pas exceptionnelles, il ne faut pas tout confondre. Oui, Hervé, un lecteur est unique, il n'est pas interchangeable comme le sont les téléspectateurs. D'un côté tu as une personne, de l'autre des individus. La personne, c'est l'individu sorti du troupeau, qui pense et agit par lui-même.