lamentation.jpg La cité de Windwir vient d'être anéantie, et avec elle la Grande Bibliothèque où reposait la mémoire du monde. L'onde de choc de cette catastrophe rompt les équilibres politiques et religieux des Terres Nommées, attise les convoitises, ravive les complots, met à mal les alliances. La guerre est inévitable. Rudolfo le roi tsigane, seigneur des Neuf Maisons Sylvestres, est le premier sur les lieux et recueille dans les ruines un automate de métal. Agité de sanglots et rongé par la culpabilité, celui-ci s'accuse d être à l'origine du drame. Quel est son terrifiant secret ? A-t-il été manipulé ? Qui voulait la destruction de Windwir et pourquoi ? Mais voilà que Neb, un jeune moine orphelin qui a assisté à l'horreur, commence à faire des rêves prophétiques... (résumé Bragelonne)

J'avais beaucoup entendu parler de ce roman, qui a eu le prix du roman étranger aux Imaginales 2011. Et finalement, après tant d'éloges, je suis assez mitigée sur mes impressions de lecture.

On n'est cependant pas face à un univers que l'on côtoie dans tous les livres de fantasy. La catastrophe initiale qui ouvre le roman, est vraiment bien exploitée. C’est une petite fin du monde, et c’est angoissant de se dire que tout le savoir peut disparaître en fumée le temps de le dire. C’est un drame doublé d’un génocide, puisqu’un ordre entier disparaît, avec sa religion, ses connaissances… Seuls 13 mechaserviteurs de métal, vont survivre à la catastrophe, dont Isaak, celui qui aurait provoqué ce cataclysme… L’ordre qui dirigeait Windwir, l’ordre Androfrancien, existait depuis plus de 2000 ans, date d’un cataclysme provoqué par un roi-sorcier, qui a précipité les hommes dans le chaos. Tout le savoir d’alors est perdu, et les Androfranciens, grâce à des fouilles, cherchaient à recouvrer les connaissances techniques et scientifiques d’alors. C’est de cette façon qu’ils ont découvert les méchaserviteurs, ces hommes de métal à la mémoire exceptionnelle. Mais ils ont cherché trop loin, et des bribes du sortilège qui a provoqué l’ancien cataclysme ont été retrouvées…

Là où ça bloque en fait, c’est au niveau des personnages. L’auteur alterne la narration entre différents personnages. C’est très intéressant puisque l’on a du coup tous les points de vue sur les conséquences de la catastrophe. Mais alors que l’on aurait pu se passionner pour le destin de ces personnages, je n’ai rien ressenti. Ken Scholes n’a pas assez creusé ses personnages, et certains apparaissent même assez stéréotypés, comme par exemple la concubine espionne, très belle et très intelligente, qui va tomber amoureuse du roi tsigane, jeune homme ténébreux au passé tourmenté… J’ai trouvé que les passages mettant en avant le robot Isaak, étaient plus humains, plus empathiques, ce qui est plutôt contradictoire !

Au fur et à mesure que l’histoire s’installe, on découvre une trame sous-jacente aux évènements. On apprend ainsi que le destin de nombre de personnages a été manipulé par une seule personne (je ne divulgue pas le nom, si certains veulent garder un peu de suspens !), depuis des générations, pour préparer au déclin de l’ordre Androfrancien. Mais les ficelles qu’a utilisées Ken Sholes ici sont un peu faciles ! Je trouve un peu trop beau, que les personnages aient été si prévisibles, que tout ait marché comme sur des roulettes…

Il y a avait pourtant un potentiel de départ qui aurait pu donner quelque chose de plus étoffé. En particulier au niveau de l’univers, de l’histoire des Terres Nommées. Le monopole qu’avaient l’ordre sur les connaissances antiques, qu’ils ne distribuaient qu’au compte-goutte et dont on a eu qu’un bref aperçu (un pistolet, les hommes de métal…), était vraiment intéressant. Il aborde également à un moment donné une légende d’un homme vivant dans une tour sur la lune… ça laissait rêveur !

Je suis tout de même curieuse de lire les tomes suivants de ces Psaumes d'Isaak, dont on ne sait pas trop encore pourquoi ils s’appellent ainsi (il reste 4 tomes pour éclaircir le mystère !)