Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien) - Jerome K. Jerome
Par Yume le mercredi 10 juillet 2013, 18:12 - Autres - Lien permanent
Fatigués de la vie londonienne, trois amis décident de prendre des vacances. Malgré les protestations de Montmorency, le chien, ils préparent une excursion sur la Tamise. Redécouvrir au fil de l’eau les charmes bucoliques de la campagne anglaise leur fera assurément le plus grand bien ! Mais leur optimisme sera mis à rude épreuve dés la préparation des bagages, et sera sans cesse entamé par les nombreux problèmes qui peuvent se poser lorsque l’on vit en communauté dans un espace aussi réduit que peut l’être un canot… Les objets sont aussi de la partie et n’auront de cesse de vouloir contrarier leurs propriétaires, quand ce n’est pas le chien qui se conduit de façon peu recommandable. Le voyage se transforme alors en véritable épreuve, émaillée de rencontres, de visites de lieux historiques et d'anecdotes qui n'ont pas grand chose à voir avec le voyage...
Après avoir lu Sans parler du chien de Connie Willis (que je n'ai toujours pas chroniqué), j'ai eu envie de lire le livre qui en était à l'origine. On fait tout de suite le parallèle entre les deux, que ce soit au niveau de la construction des chapitres, que de l'humour. Je ne savais pas ce que j'allais trouver en commençant ma lecture, mais j'ai été agréablement surprise. Peut-être que pour un livre datant de 1889, je ne pensais pas être pliée de rire dés la deuxième page...
Avec un détachement propre à l’humour anglais, la plus simple situation du quotidien se transforme en péripétie rocambolesque. Il faut dire que le caractère même du narrateur vaut son pesant d’or : fainéant, hypocondriaque et d’une mauvaise foi à toute épreuve. Prêchant tout et son contraire (à parfois quelques lignes d'intervalles), il nous abreuve d'anecdotes et d'exemples de la bêtise et de l'incompétence de ses amis et connaissances. Ses compagnons de canotage le lui rendent bien, et les événements nous apportent bien la preuve qu'ils se valent bien !
Que ce soit pour franchir une écluse, ou plus simplement ouvrir une boite d’ananas au sirop, en passant par la préparation d'un repas par des jeunes gens qui ne savent même pas cuisiner... On assiste à des scènes vraiment édifiantes. De grandes envolées lyriques sur la beauté de la nature sont également très divertissantes (si on aime les descriptions !), surtout quand notre narrateur s’interromp parce que sa barque vient d’heurter de plein fouet la berge…
Le récit peut sembler un peu patchwork (à l’image de l’esprit du narrateur…) et pourra peut-être rebuter certains lecteurs, mais si on accroche, c'est vraiment un régal à lire ! Rien ne vaut un extrait pour apprécier l’humour du texte ! Le passage de la bouilloire est particulièrement savoureux (ils le seraient tous à mon goût, mais celui-là est le plus court !)
Tel est, sur la Tamise, le seul moyen d'obtenir qu'une bouilloire consente à bouillir. Si elle voit que vous attendez sa bonne volonté avec impatience, elle s'abstiendra de chanter. Il vous faut vous éloigner et entamer votre repas, comme si vous n'alliez pas prendre le thé. Alors vous l'entendrez bientôt bouillir à gros bouillons, folle d'envie de se transformer en thé. C'est également une bonne méthode, si vous êtes très pressés, de vous dire les uns aux autres en parlant très haut, que vous n'avez pas besoin de thé et que vous n'allez pas en faire. Vous vous rapprochez de la bouilloire de façon qu'elle puisse vous entendre et vous lancez très haut : "Moi, je ne veux pas de thé. Et toi, Georges ?". A quoi Georges répond, de même : "Oh non, moi, je n'aime pas le thé. Prenons plutôt de la limonade. Le thé est trop indigeste." A l'instant, la bouilloire déborde et éteint le réchaud.
Commentaires
Je n'ai pas été aussi enthousiaste que toi parce que certaines anecdotes m'ont vraiment ennuyée, mais sitôt après une nouvelle mésaventure des 3 compères me faisait sourire voire rire franchement, alors j'ai quand même bien aimé ce roman qui semble une référence pour les amateurs d'humour anglais. Par contre je vois que ton édition est destinée à la jeunesse et cela m'étonne car j'avoue qu'il ne me viendrait pas à l'idée d'offrir ce livre à un enfant d'aujourd'hui. A tort peut-être...