lignes_vie.jpgCoventry, durant la Seconde Guerre mondiale. Une famille de sept sœurs aux vies fondées sur l'amour, la tradition, l'angoisse et l'espoir, dominées par la sagesse et l'autorité d'une matriarche aussi indomptable que truculente. Des vies simples et émouvantes auxquelles se mêlent presque imperceptiblement l'étrange et le merveilleux, l'ordinaire et l'extraordinaire. Cassie, la plus jeune des sœurs, a eu un petit garçon de père inconnu et n'a pas eu le courage de le céder à des parents adoptifs. C'est une fille fantasque et imprévisible, " la dernière fille au monde à qui laisser la garde d'un enfant " selon sa propre mère. Il est alors décidé que le petit Frank sera élevé par chacune des sœurs, à tour de rôle. Ainsi l'enfant sera-t-il le témoin privilégié de ces vies aux lignes si différentes, dans les drames et les illusions de l'après-guerre. Mais Frank est un enfant particulier, doué d'intuitions étonnantes ; comme sa jeune mère, sensible à des signes invisibles; comme sa grand-mère, parfois visitée par des apparitions lui annonçant l'avenir. Et au centre de leur histoire, il y eut la nuit du bombardement de Coventry par la Luftwaffe. La jeune Cassie s'est trouvée au cœur de cette nuit d'horreur hallucinée et y a laissé son secret le plus précieux. (Résumé de l'éditeur)

Si le résumé de l'éditeur est plutôt bien fourni, l'intrigue est en fait peu résumable. Peut-être parce qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue en fin de compte. Du mystère, des émotions... et surtout, comme nous le rappelle le titre, des tranches de vie. Mais est-ce pour autant un défaut? Les amateurs d'aventures seront sûrement déçus. La magie reste diffuse, comme une frontière ténue entre rêve et réalité. Et au lieu de héros charismatiques, l'auteur nous offre des portraits touchants, issus d'une même famille. Des personnages aux destins liés, dont les choix seront prépondérants, qu'ils soient décidés par eux-mêmes, ou suggérés par Martha, la très habile chef de famille (ce qui revient au même en fait).

Graham Joyce nous offre ici un récit subtil, tout en impressions. Le lecteur se laisse porter par une ambiance, une musique des mots. J'avais été touchée, à ma lecture des romans de Connie Willis se passant pendant le Blitz à Londres, par cette chaleur, cette solidarité entre les personnes, même pendant les instants les plus terribles des bombardements. J'ai retrouvé ces émotions à la lecture de Lignes de vie : une ambiance particulière, entre terreur et espoir, entre destruction et générosité.

Difficile d'en dire plus. Ce livre est touchant, sincère, et on quitte à regret ces personnages marquants : Martha l'indomptable et son mari fantôme silencieux, Cassie la fantasque aux instants de génie, Beatie et Bernard les marxistes convaincus, Aida et Gordon à la tête de cadavre,... et Una, Tom, William, Olive, Evelyn, Ina,... Toutes ces voix qui portent ce roman, dans des scènes d'une vie quotidienne pas tout à fait normale, dans une famille pas comme les autres.