royaumz_vent_coleres.jpg1596. Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l'on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s'essaie à un métier sans arme. Les pions sont en place. Le mistral se lève. La pièce peut commencer. (Résumé de l'éditeur)

Les nombreux commentaires élogieux et le Prix Elbakin 2015 du meilleur roman fantasy français, m'ont décidée que pour une fois, je pouvais lire un livre dont tout le monde parle. Et si en plus c'est un premier roman, publié aux éditions ActuSF, il n'y plus qu'à y aller sans réfléchir !

Direction Marseille, en pleines guerres de Religion. Le royaume de France est déchiré entre protestants, dont faisait partie Henri IV avant de se convertir, et catholiques. La cité phocéenne cristallise ces tensions, tenant tête au roi, qui décide d'avancer avec son armée mater cette rébellion. Je connaissais peu ce pan de l'histoire de France, et je suis donc ravie de combler cette lacune. La touche de fantasy apportée par l'auteur, met en valeur ce contexte en nous contant les histoires de ses personnages.

Dés les premières pages, nous sommes plongés dans la tumultueuse vie marseillaise. Tour à tour, nous rencontrons les personnages de cette histoire polyphonique, tous pris dans le tourbillon du destin. La première partie du roman nous les présente rapidement, avec leurs préoccupations les plus urgentes : échapper à l'armée du roi, tuer le consul marseillais, vivre avec la honte et ses souvenirs,... Puis rapidement, la seconde partie revient sur leur passé, nourrissant par leur histoire personnelle la trame de l'histoire, dont les fils se rejoignent. Et enfin, la troisième partie clôt l'intrigue, apothéose des tensions, de la colère ou de l'angoisse.

L'histoire se déroule sur quelques jours à peine (en ne comptant pas les flash-back bien sûr), ce qui donne un récit très dynamique et prenant. Je regrette la préface d’Ugo Bellagamba, vraiment dithyrambique pour le coup. Cela donne des attentes au lecteur, qui même si je ne suis pas déçue par cette histoire, me paraissent un peu exagérées. Le talent de l'auteur pour brosser en quelques pages de personnages forts et crédibles, en particulier les femmes, est assurément remarquable, mais je ne peux pas m'empêcher de regretter la brièveté du livre. Car il y a de très bonnes idées, entre réalité et imaginaire, sans en faire trop. On avait peut-être envie d'en lire plus au final, et de rester plus longtemps avec les personnages?

C'est très prometteur pour la suite de la carrière de cet auteur, résolument à suivre. J'ai été tenue en haleine pendant ces quelques heures de lecture, par une force tragique qui n'épargne pas les personnages, ni le lecteur. Le chapitre bonus à la fin, très émouvant, et sans doute celui que j'ai le plus apprécié, finissant ce livre sur une note d'espoir.