chroniques_martiennes.jpgJ'ai lu ce livre (qui est en fait un recueil de nouvelles, d’ailleurs) dans le cadre de la lecture commune du mois d'août du Cercle d'Atuan. En hommage à Ray Bradbury, décédé le 5 juin 2012, nous avons fait un mois Bradbury. Au programme : lecture de Fahrenheit 451 et des Chroniques martiennes. Ayant lu le premier il y a pas si longtemps que ça, j’ai préféré le second, dont je me souvenais très peu. La redécouverte de ce classique m’a enchantée !

En 2030, après de nombreuses expéditions aux résultats mitigés ou surprenants, la colonisation est lancée ! Les fusées s’envolent pour Mars avec à bord des familles, des hommes, des femmes, des peuples, avec des rêves de liberté et de bonheur plein la tête...

Passées les premières nouvelles, teintées de beaucoup d’ironie, voire de cruauté, qui m’ont beaucoup attristée, je me suis totalement laissée emporter sur Mars. Ray Bradbury a un style d’écriture très agréable, quoiqu’un peu désuet, mais j’aime le charme que cela confère aux nouvelles. C’est agréablement dépaysant, et pour moi participe à l’effet que nous fait la découverte de Mars et de ses habitants. Cela m’a d’ailleurs fait penser à Demain les chiens, dans le style un peu passé mais poétique.

Les descriptions poétiques et contemplatives qu’il fait de Mars sont magnifiques : entre les déserts, l’espace et les cités de cristal des martiens. On ne peut pas s’empêcher de penser que ce qu’il nous décrit est complètement irréel, mais on se laisse absorber par les nouvelles, et au final cela n’a pas d’importance. Comme le disait Ray Bradbury lui-même, il ne cherchait pas la crédibilité scientifique. Si les premières nouvelles, tout droit sorties de l’imagination de leur auteur nous captivent et nous étonnent, les suivantes sont d’un autre registre.
Ce recueil de nouvelles est plutôt une occasion de s’épancher avec une lucidité et un cynisme saisissant sur la race humaine. Car au final, les martiens disparaissent très vite et il ne reste que les hommes : détruisant, envahissant, évangélisant… Les textes, tour à tour humoristiques, angoissants ou tragiques, font état des grandes préoccupations de l’époque : les guerres nucléaires, la recherche d’emploi, et le retour aux grands espaces et à la liberté. Bradbury met en scène les pires travers des hommes ici, en traçant un portrait très pessimiste.

- Nous n'abîmerons pas Mars, c'est un monde trop vaste et trop avantageux.
- Vous croyez? Nous autres les Terriens avons le don d'abîmer les belles et grandes choses.

J’ai refermé le livre avec une note de tristesse, tant le pessimisme avec lequel il dépeint les terriens m’a touchée. On ne peut pas s’empêcher de faire des rapprochements avec notre situation actuelle. Mais le charme de cet univers dépasse cela et ces nouvelles resteront longtemps dans ma mémoire comme autant de poémes.

Petit hasard très sympathique, on a lu ce roman au moment où Curiosity, le rover de la NASA, se posait sur Mars… Un moyen de faire le lien entre ce livre, écrit entre 1947 et 1949, et aujourd’hui.
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Dans des bateaux bleus et légers, se dressaient des formes violettes, des hommes masqués, des hommes aux visages d'argent, avec des yeux d'étoiles bleues, des oreilles d'or sculpté, des joues d'étain et des lèvres serties de rubis, des hommes aux bras croisés, des martiens.