miss_peregrine.jpgEtrange. C’est le mot que je choisirai pour décrire ce livre particulier, décrivant la vie d’enfants particuliers. La couverture nous plonge directement dans cette étrangeté : une photo en noir et blanc d’une petite fille habillée dans le style rétro, qui quand on regarde de plus près, a les pieds qui ne touchent pas le sol… A quoi nous attendre ? D’autant plus qu’en feuilletant le livre, nous découvrons d’autres clichés bizarres d’enfants en noir et blanc… trucage ou pas trucage ?

C’est la question à laquelle s’efforce de répondre Jacob Portman. Ce jeune adolescent a toujours connu ces photographies que son grand-père lui montrait étant petit et qui étaient la source de récits merveilleux. Ce dernier, un juif polonais, a passé une partie de sa vie sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l’avaient envoyé pour le protéger de la menace nazie. Le jeune Abe Portman y a été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d’un orphelinat pour enfants « particuliers ». Et selon ses dires, Abe y côtoyait une ribambelle d’enfants doués de capacités surnaturelles censées les protéger des « monstres »…
Jacob en grandissant a cessé de croire à ces histoires. Mais un jour il découvre son grand-père agonisant dans son jardin, sauvagement agressé par une créature qui fuit sous ses yeux. Dans un dernier souffle, le vieillard lui confie d’énigmatiques dernières volontés. Pour faire la lumière sur ce passé, Jacob décide de partir pour l’île …

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Nous suivons Jacob dans sa recherche du passé, et découvrons donc en même temps que lui les réponses… Simple quête de la vérité au début, l’intrigue va se complexifier au fur et à mesure de notre lecture. Je ne vous en dit pas plus, afin de me pas gâcher la beauté et l'extraordinaire de ces découvertes, qui sont vraiment surprenantes. La prose de Ransom Riggs est vraiment agréable à suivre, et nous entraîne dans un monde à la fois onirique et sombre, poétique et dangereux.
L'ambiance qui est créée est vraiment redoutable. Nous baignons déjà dans l'étrangeté des photographies, et à cela se rajoute la montée d'angoisse des découvertes de Jacob. Puis l'intrigue s'accélère, et c'est une véritable poursuite contre le temps et la mort qui s'engage. Mais ce qui nous touche le plus, et qui reste après la lecture, c’est cette nostalgie en filigrane, ces instants passés, ces moments figés qui ressurgissent. Nous oscillons entre deux époques, entre le monde vivant de Jacob, et celui disparu de son grand-père… C’est vraiment très beau, et très bien rendu.
Et encore, je ne vous décrirais pas tous les personnages qui parsèment ce livre, aux caractères si dissemblables, si touchants. Mais ce serait perdre un peu de magie que d'essayer de décrire la profondeur qu'a su leur donner l'auteur.

J’ai été surprise d’apprendre à la fin que les photographies illustrant le roman étaient issues de différentes collections particulières. Elles sont tellement bien mêlées à l’histoire, si naturellement indissociables, qu’on ne peut dire si l’auteur est parti de ces photographies pour écrire son livre, ou l’inverse.

Une très très belle découverte !