tobielolness_2.jpgDésolée, la chronique du premier tome était plus que succinte, et je vais avoir du mal à me rattraper ici, puisqu'il m'est difficile de parler de ce roman : soit je ne trouve pas les mots pour le décrire, soit je vire dithyrambique ! En tout cas, j'ai retrouvé tout le plaisir de relire la prose de Timothée de Fombelle dans le second tome de ce diptyque, beaucoup plus sombre que le précédent. Et je me demande encore à grands coups de massue sur la tête pourquoi j'ai tant attendu pour lire la suite !

Nous retrouvons Tobie Lolness, ce jeune garçon exilé avec ses parents des Cîmes de l'arbre vers les Basses Branches. Son père, mi-philosophe mi-scientifique de génie, refusait de donner le secret d'une machine fonctionnant grâce à la sève de l'arbre. Etant le seul à penser que l'arbre est vivant, ce procédé qu'il a inventé, même source de progrès, il ne veut pas le donner de peur de condamner l'arbre et ses habitants. Incompris, Sim Lolness et sa femme finissent emprisonnés et une nouvelle ère commence dans l'arbre, une ère de terreur et de tyrannie. Tobie, à présent seul, est pourchassé par les siens, sa tête mise à prix. Au cours de son errance, Tobie ira jusqu'à aller dans la prairie en bas de l'arbre, habitée par les Pelés, un peuple mal-aimé des habitants de l'arbre. Il sera trahi, mais il trouvera également l'amour avec Elisha... Mais son monde est menacé, le grand chêne est blessé à mort par un cratère qui ronge son cœur. La mousse a envahi ses branches. Les habitants se terrent face aux horreurs perpétrées par le tyran Jo Mitch et sa bande de crapules. Les Pelés sont chassés sans pitié. Pourtant, dans la clandestinité, Tobie se bat, et il n'est pas le seul. Au plus dur de l'hiver, la résistance prend corps. Tobie parviendra-t-il à délivrer les siens et à sauver son monde fragile ?

Malgré tout le tragique de ce qui arrive à l'arbre et au peuple qui y vit, l'auteur arrive à nous toucher avec la description de petits bonheurs simples. Timothée de Fombelle a une écriture pleine de pudeur, de tendresse, juste, à en être cruelle lorsqu'il décrit la haine froide de certains de ses personnages. Mais l'espoir est toujours là, dans la lutte pour la liberté, dans l'amour et l'amitié, dans le souvenir des êtres chers. De chapitre en chapitre, on passe du désespoir à l'espoir, d'une situation abominable qui nous tord le coeur à une scène émouvante qui nous met le sourire aux lèvres. Bref, on a pas envie de lâcher ce roman, tant que l'on ne tient pas le fin mot de l'histoire, tant que l'on n'est pas rassuré sur le sort de ces personnages que l'on suit depuis des centaines de pages. Car Tobie Lolness, même si c'est LE personnage, c'est avant tout DES personnages. Une galerie fabuleuse de petits êtres, des bons comme des mauvais, des attachants comme des je-vais-lui-arracher-la-tête. L'auteur a su donner vie à un peuple entier, à des personnages principaux mais également à des tas et des tas de personnages secondaires, pour le destin desquels on se passionne tout autant. Et en premier lieu au destin de l'Arbre, au premier plan de ces romans.

Les illustrations délicates et faussement naïves de François Place, toujours aussi belles, accompagnent merveilleusement le roman. Elles s'accordent avec l'écriture, ayant leur même force, cachant une apparente fragilité dans la délicatesse de leurs traits.

Ce diptyque a vraiment une force évocatrice incroyable. On passe de la lumière à l'ombre, puis de l'ombre à la lumière le temps d'un chapitre, le coeur pris par le destin de ces incroyables petits êtres, pas si éloignés de nous et notre histoire. Un coup de coeur !