victoria-reve.jpgVictoria, jeune collégienne, rêve d'une vie d'aventure. Loin de son quotidien dans la petite ville de Chaise-sur-le-pont, ses mornes rues et son feu rouge. Pilier de la bibliothèque municipale, Victoria y trouve la foule de personnages et de contrées sauvages qui animent son monde imaginaire. Les objets du quotidien eux-mêmes s'animent et deviennent prétexte à des destinées fabuleuses et des aventures exotiques. Aussi, le jour où elle apprend que les cheyennes ont disparu, Victoria lâche la bride à son imagination, quitte à se retrouver coincée dans le coffre de voiture de son père et à affronter la réalité. Mais les livres créent des liens inattendus...

Il ne m’a fallu que quelques lignes pour retrouver l’imaginaire délicat et poétique de Timothée de Fombelle. Une bouffée de bonheur et de plaisir simple m’a prise instantanément, même si ce livre est court, trop court, comparé à ces longs moments passés avec Tobie ou Vango !

Une question s'impose sitôt la lecture terminée : que se passe t’il entre l’enfance et l’âge adulte pour abandonner ainsi nos rêves les plus fous ? (l'adolescence répondra Victoria !). Des rêves de courses avec les loups dans les forets du Grand Nord, de traques avec des indiens à plumes à dos de chevaux tout aussi emplumés, de voyages en ballon au dessus des cimes des arbres géants d’Amazonie… Timothée de Fombelle pointe de sa plume les rêves échappés de notre enfance, et nous donne envie de les retrouver pour ramener la beauté dans notre vie.
Et tous les lecteurs compulsifs se reconnaîtront dans ces mots. Tous ces livres lus, parfois accumulés avec soin sur des étagères, sont le symbole de nos rêves éveillés, de l'évasion qu'ils nous procurent. Au delà de l'histoire de Victoria, c'est l'histoire de tous les amoureux des livres qui nous est racontée.

Les illustrations de François Place accompagnent avec tendresse cette histoire. Elles m’ont renvoyées aux livres qui ont peuplé mes étagères étant enfant, rythmant mes soirées collée à un radiateur et berçant mes vacances d’été dans une chaise longue. Sans oublier mes escapades hebdomadaires à la bibliothèque, le sac lesté de dizaines de livres. J'ai presque passé autant de temps à détailler la couverture à rabats qu'à lire le livre !

Une belle lecture, envoûtante et magique. Et après avoir goûté à la douce contemplation de la plume de Timothée de Fombelle, vous ne pourrez que devenir comme moi dépendants de cette nostalgie qui vous emporte.

Il y avait seulement, à la hauteur de ses yeux, une longue étagère unique, remplie de livres, qui faisait le tour de la chambre. Cette ligne de livres, Victoria l'appelait l'horizon.