arbonne.jpgBien qu'ils soient voisins, les pays de l'Arbonne et du Gorhaut semblent aussi différents que le soleil l'est de l'astre de la nuit.
Au sud, les oliviers et les vignes de l'Arbonne s'épanouissent alors que les troubadours célèbrent l'amour courtois, la joie de vivre et la déesse Rian. Au nord, la terre sombre et austère du Gorhaut porte un peuple de farouches guerriers qui ne jurent que par l'épée et adorent Corannos, le dieu mâle. Gouverné depuis peu par Adémar, roi cruel et mesquin, le Gorhaut est sur le point d'envahir l'Arbonne, affaibli par la lutte intestine de deux de ses principaux ducs, Bertran de Talair et Urté de Miraval, et gouverné par une femme, Cygne Barbentain.
Face à l'armée du Gorhaut soutenue par la colère de Corannos, les chances de l'Arbonne paraissent bien minces. Mais le pays de l'amour courtois est aussi celui de la magie et des passions : Béatrice, la prêtresse aveugle de Rian, son hibou blanc sur l'épaule, et Blaise, un mercenaire du nord venu se mettre au service de l'Arbonne afin de mieux contester l'autorité d'Adémar, pourront peut-être infléchir le cours de la guerre ! (Résumé de l'éditeur)

J'ai profité de ma commande chez Alire, pour prendre en même temps que Sous le ciel, Une chanson pour Arbonne, un titre malheureusement épuisé en France. Et alors que j'étais restée sur une drôle d'impression avec Sous le ciel, j'ai retrouvé toute la fluidité de la prose de Kay, le sens du rythme et la poésie qui font de ses fresques de fantasy de petits bijoux littéraires... Y'a t-il un réel problème de traduction pour que je trouve une différence aussi nette? Je me pencherai sur la question un jour... (j'ai envie de relire une grande partie de ses livres dont mes lectures remontent à un certain, ce sera peut-être l'occasion !)

J'ai en tout cas adoré ma lecture. Alors que l'on pourrait penser lire un énième roman de fantasy classique, opposant deux pays, dans une lutte du bien contre le mal, Kay, nous fait découvrir bien plus que ça, mêlant subtilement jeux de pouvoir, guerres frontalières, religion, et amours contrariées... le tout sur un fond historique extrêmement solide. Car comme pour une grande partie de ses romans, Kay se base énormément sur l'histoire, brodant tout autour. Le contexte nous est souvent familier (Italie, Chine, ...) mais il l'est d'autant plus pour Une chanson pour Arbonne, puisque le pays qu'il nous présente pourrait être le Pays d'Oc. Cela ajoute une touche très agréable pour la lectrice française que je suis.

Le récit donc, pourrait nous paraître classique. Mais Kay nous accroche dés les premières lignes avec un univers lumineux, si naturel presque, qu'on le croirait réel. Car en jouant avec les codes de l'Histoire, il nous donne vraiment l'impression que la sienne, d'histoire, a vraiment existé. Les personnages en sont la preuve. Très travaillés, ils sont même parfois vraiment charismatiques. Ils sont décrits avec énormément de subtilité, qu'on penserait qu'ils ont réellement existé. Mais là où Kay nous tient réellement, c'est en entretenant savamment le suspens tout au long du récit. Il commence le livre par un chapitre, où la clé de tout le récit qui va suivre va résider, dans une ellipse temporelle maîtrisée. Une clé qu'il nous fait miroiter par le biais des personnages, qui eux, la connaisse. Ce n'est qu'à la toute fin, que l'on saura enfin la vérité, entretenue par tous les motifs que Kay a tissé autour, l'enrichissant au fur et à mesure. Il est fort...

Bref, Kay prouve que l'on n'a pas besoin de reprendre les stéréotypes habituels de la fantasy pour composer un roman magistral tant au niveau de l'univers, qu'au niveau humain. Cet auteur mérite vraiment d’être lu par tous, et pas seulement les habitués du genre. Je suis amoureuse, oui je sais, mais ce roman, même s'il n'est pas mon préféré, prouve encore une fois sont talent.