Vieille-Anglaise-et-le-continent.jpgCertaines personnes sont si profondément attachées à la Vie sous toutes ses formes, tous ses aspects, qu’elles consacrent leur existence à sa préservation, quitte à sacrifier celle des autres...
Ann Kelvin, elle, lui consacrera sa mort.

J'avais besoin d'un texte court entre toutes ces lectures de vacances (je m'efforce de faire diminuer ma PAL tant que je peux encore décider de mes lectures, le boulot reprendra ses droits bien assez vite), et cette novella de 70 pages était idéale. Et c'est avec ces quelques mots sur la quatrième de couverture que l'on rentre dans cette histoire, sans idée précise de ce que l'on va découvrir. Et ma foi, comme pour ma précédente lecture du même auteur, L'envol du dragon, c'est court mais intense.

Lady Ann Kelvin, est une vieille spécialiste de la biologie marine ayant des convictions fermement ancrées et un caractère bien trempé pour les marteler à la tête de n'importe qui. Elle a sacrifié sa vie personnelle à ses recherches et à des actions politiques radicales. A l'article de la mort, un de ses anciens étudiants lui propose une dernière façon de se rendre utile, et une deuxième vie. Car si dans ce futur pas si lointain on n'a pas encore trouvé de remède au cancer qui la ronge, on expérimente une technique, la transmnèse, qui permet de ré-implanter un esprit humain, avec son bagage de souvenirs, de peurs,... dans un clone. Et pour Ann ce clone sera un hôte très particulier... un cachalot.

Jeanne-A Debats nous permet de rentrer très vite dans son histoire en la dédoublant : elle alterne passages où l'on suit l'ex-étudiant d'Ann dérouler sa proposition et le protocole de mnèse, et passages où l'on suit l'adaptation d'Ann avec son nouveau corps (car bien sûr, elle a accepté, on le sait dés les premières lignes, je ne spoile pas promis). Nous sommes donc confrontés à la fois aux interrogations sur la transmnèse, un procédé encore instable qui pose des questions éthiques, et la nouvelle vie d'Ann dans le corps du grand cétacé. C'est cette dernière qu'il a surtout été agréable de suivre : on parcourt les mers australes avec elle, essayant de s'adapter à des capacités complètement nouvelles... C'est presque magique et on a du mal à la quitter pour retourner à la réalité humaine.

L'équilibre entre ces deux narrations est efficace et nous immerge dans une histoire très crédible. D'autant plus qu'on ne peut qu'être touché par le message écologique engagé, qui n'est pas franchement optimiste. Bref, une plume que j'aurais plaisir à suivre, incisive, et toujours avec un ratio réel/imaginaire qui fait qu'on l'oublie difficilement.