all-clear.jpgAttention spoilers (pas trop, mais un peu quand même).

Londres, 29 décembre 1940 : l’une des nuits les plus meurtrières du Blitz. Pris au coeur de l’un des pires raids de l’époque, les historiens du futur Michael, Merope et Polly cherchent désespérément à revenir au xxi e siècle. En attendant de trouver un moyen de s’échapper, le trio tente de survivre aux bombardements et aux évacuations, mais il y a plus grave encore : d’après les archives oxfordiennes de 2060, il semblerait que leurs interventions aient modifié le cours des événements… et la guerre pourrait bien se terminer autrement, bouleversant l’Histoire à jamais. Quelle que soit l’ampleur des sacrifices exigés, les voyageurs du futur doivent s’engager dans un combat acharné contre le temps… (Résumé de l'éditeur)

Autant parfois, je trouve les petits laïus nous rappelant les tomes précédents barbants, autant là ça n'aurait vraiment pas été de trop ! Je n'avais pas trop détaillé les événements dans ma chronique du tome 1, Black-Out, ce qui fait que j'ai été plus que perdue en commençant ma lecture de All clear (ce qui ajoute de l'eau à mon moulin sur le fait de ne lire que des séries terminées...). Il faut dire que Connie Willis dans ce diptyque nous offre une intrigue à travers le temps en tiroirs : on peut retrouver un même protagoniste dans deux époques différentes, avec un nom différent, à quelques chapitres d'écart... Autant eux n'ont apparemment aucun mal à ne pas devenir schizophrènes, autant pour le lecteur cela demande une concentration accrue.

Passé ce petit moment de flottement, cela ne m'a pas empêchée de me jeter à corps perdu dans ma lecture, tout aussi, si ce n'est plus, passionnante que le premier volume. La tension devient plus palpable, l'atmosphère plus étouffante. Car non seulement la guerre s'intensifie, les quartiers de Londres se faisant pilonner les uns après les autres, mais nos voyageurs temporels se retrouvent bloqués dans une période dans laquelle ils n'avaient pas du tout prévu de rester. De simples observateurs qu'ils étaient, ils se fondent davantage avec la population, vivant dans la même angoisse, au fur et à mesure que leurs informations sur la période se raréfient.

La lumière se fait sur des protagonistes de l'histoire que nous n'avions pas encore vraiment identifiés, et nos certitudes se trouvent aussi ébranlées. Le suspens nous prend, Connie Willis jouant avec nos nerfs en allant de retournement de situations en sauts de puce historiques. Elle jour sur les bases qu'elle avait elle-même établies. La règle qui veut qu'il soit impossible de modifier le cours des événements, ou en tout cas qui veut que le temps, le continuum, répare lui-même les éventuelles divergences, se trouve mise à mal. Car lorsque autour de nos héros des personnes se trouvent en danger, doivent-ils les regarder mourir sans intervenir de peur d’interférer? Ou les sauver en espérant qu'une action positive ne puisse pas engendrer de conséquences négatives sur le dénouement de la guerre? Et question ultime : pourront-ils un jour rentrer chez eux, en sortiront-ils même vivants?

En tout cas ce deuxième tome confirme le talent de Connie Willis à nous immerger dans un contexte historique, toujours avec un ton juste. On apprend énormément de choses, grâce à une foule de petits détails, comme la propagande anglaise pour détourner l'attention des allemands des plages normandes. La vie des londoniens pendant le Blitz est toujours aussi passionnante et vivante. C'est un hommage vraiment touchant et émouvant sur le courage ordinaire. Les amateurs d'action ne trouveront peut-être pas leur bonheur ici, mais j'y ai trouvé une foule de choses tout à tour exaltantes ou attachantes. Je trouve personnellement que Connie Willis arriverait sans en avoir l'air à intéresser à l'Histoire un sac de patates.

(...) tant de vies sauvées, tant d'autres sacrifiées, tant de courage, de gentillesse, d'endurance, d'amour, cela doit compter pour quelque chose, même dans un système chaotique.