Agnès Grey - Anne Brontë
Par Yume le lundi 30 mars 2015, 11:29 - Autres - Lien permanent
Élevée au sein d'une famille unie mais pauvre - qui n'est pas sans rappeler la fratrie Brontë -, Agnès Grey, 18 ans, fille d'un pasteur d'un village du nord de l'Angleterre, décide de tenter sa chance dans le monde en se faisant gouvernante. Trop discrète et inexpérimentée, elle est vite confrontée à la dure réalité dès son arrivée chez la famille Bloomfield.
Désarmée face à l'indiscipline des enfants gâtés dont elle a la garde, et à l'indifférence cruelle des adultes, elle est renvoyée au bout de quelques mois. Sans désemparer, et dans l'obligation de subvenir à ses besoins, elle trouve alors un emploi chez les Murray. Les jours passent, avec leur lot de monotonie et de difficultés, jusqu'à l'arrivée du nouveau pasteur, Mr Weston... (Résumé de l'éditeur)
Après avoir lu La Dame du manoir de Wildfell Hall, le second roman d'Anne Brontë, je me suis penchée sur le premier qu'elle ait écrit. Agnès Grey se présente comme le journal intime d'une jeune fille qui s'engage comme gouvernante. Issue d'une famille respectable, mais pauvre, la jeune fille n'a que peu d'options pour réussir à gagner sa vie. Jusqu'alors choyée et protégée par sa mère et ses soeurs, Agnès va découvrir une existence où elle ne pourra compter que sur elle-même. A la fois à l'écart des autres domestiques et étrangère à la famille qu'elle sert, sans possibilité de se faire des amis et de se joindre à la bonne société, être gouvernante est une existence solitaire. Mais c'est également une tâche rude et ingrate, car les enfants qu'elle a sous sa garde sont égoïstes et caractériels. Et les parents, souvent aussi stupides que leur progéniture, méprisent tout autant la jeune fille.
En choisissant ce sujet, Anne Brontë, dépeint avec beaucoup de justesse un métier qu'elle a elle-même exercé. Cette plongée dans la bourgeoisie de l'époque est un beau témoignage sur un statut social dont les conditions étaient peu connues à l'époque, et à plus forte raison aujourd'hui. Mais c'est le caractère d'Agnès, plein de pudeur, qui est pour beaucoup dans l'ambiance de ce roman. Beaucoup de lecteurs pourraient la trouver agaçante, avec sa douceur et sa générosité à toute épreuve, mais elle est en fait très attachante. Dispensant des paroles réconfortantes à son entourage, cultivant les comportement justes, la jeune fille apprend à se résigner à sa condition, faisant montre d'un caractère effacé et peu passionné. On a de cesse d’espérer qu'elle trouve le bonheur (qu'elle trouvera, je vous rassure), pour pouvoir s'apanouir.
Pas de scènes tragiques, ni de paysages torturés, nous sommes loin de l'ambiance des romans de ses soeurs. Mais l'apparente simplicité d'écriture cache une grande profondeur qui me charme. Même s'il est moins complexe, mais tout aussi fin dans l'écriture, Agnès Grey aborde des thèmes que l'on retrouvera dans son second roman. L'éducation des femmes et la naïveté des jeunes filles à leur entrée dans le monde, ainsi que le mariage et les différences entre milieux modestes et aristocrates, sont abordés superficiellement dans ce roman, mais pour mieux être repris plus tard. Une belle plume à découvrir, même si elle est plus terre à terre et moins ironique qu'une Jane Austen.
Commentaires
Va vraiment falloir que je les capte en ebooks les romans de cette dame !
En plus, elle en a fait que 2 ! C'est vraiment différent de ceux de ces soeurs, ça fait un comparatif intéressant :)