sang_soie.jpgAu coeur de la Byzance du XIIIe siècle, les destins se construisent entre complots, pouvoir et trahisons. Décimée par le sac de 1204, pillée, incendiée, Constantinople, la perle de l'Empire orthodoxe, tente de renaître de ses cendres. C'est dans cette ville exsangue et crépusculaire que la jeune Anna Zaridès, travestie en eunuque, tente de s'établir comme médecin. Son but : obtenir des informations pour prouver l'innocence de son frère accusé de meurtre. Elle croisera sur sa route la dangereuse et magnifique Zoé Chrysaphès, prête à tout pour redonner à la Cité impériale sa splendeur perdue. Mais derrière les doux reflets de la soie, passions et ambitions se mêlent dans le sang... (Résumé de l'éditeur)

J'ai délaissé mon début de série policière préférée du moment, pour cette très grosse fresque historique de 750 pages. J'ai jadis englouti les romans historiques à la pelle, et gardé une fascination pour la flamboyante et riche Constantinople. Il me fallait donc bien ça pour m'occuper sur la plage et me faire rêver d'horizons lointains... Et sur ce dernier point, Anne Perry ne m'a pas déçue. Ce roman est une véritable reconstruction de Byzance au 13ème siècle. L'histoire se transforme souvent en véritable débat théologique, qui sépare les chrétiens d'Orient et d'Occident. D'un côté les romains, et de l'autres les grecs orthodoxes, en de houleuses et sanglantes oppositions. A ce conflit spirituel se mêlent bien sûr intimement des conflits politiques aux enjeux aussi élevés : complots et manigances au sein de Constantinople même, ou au niveau des souverains de l'Europe.

C'est donc dans ce contexte que l'auteure place sa trame policière, plutôt ténue du coup, face à toute cette complexité. Et ce n'est pas fini, puisque la galerie de personnages qu'elle nous fait découvrir est tout aussi vaste, qu'elle est nuancée. Le personnage principal, Anna Lascaris, incarne elle aussi un des visages de la civilisation byzantine. Femme, et médecin de métier, elle va choisir de se travestir en eunuque pendant de nombreuses années, pour enquêter plus discrètement sur l'accusation de meurtre qui pèse sur son frère. Dans son enquête, elle croisera sur sa route une femme dangereuse et manipulatrice toute à ses rêves de vengeance, un légat du Pape se questionnant sur sa foi, un marin vénitien troublé par son ascendance byzantine, un évêque orthodoxe eunuque,... Une palette de personnages très différenciés, profondément humains, d'une crédibilité vraiment travaillée.

Le portrait de cette ville qui se reconstruit, 70 ans après avoir été dévastée en 1204, est vraiment passionnant et touchant. Le peuple est exsangue, vivant sous la menace d'une autre croisade meurtrière, qui pourrait mettre un point final à une civilisation qui dure depuis 1000 ans. Mais malgré mon intérêt pour l'Histoire et le sort des personnages, il m'a manqué le quelque chose qui aurait pu me transporter. Des longueurs sont évidemment présentes, dans ce roman choral aux (trop ?) multiples narrateurs, et l'aspect théologique, avec sa reconstitution très documentée, m'a parfois un peu lassée. On perd parfois de vue l'intrigue principale. C'est tout de même un roman vraiment riche, qui prouve que l'auteure brille aussi bien à faire revivre l'Angleterre victorienne, que la flamboyante et sensuelle Byzance.